Et les cours dans tout ça ?

Oui, bon c'est vrai qu'il faut rappeler que je suis ici à Buenos Aires pour ma 3e année d'études de Sciences Po Paris, parce que finalement on serait tenté de l'oublier...

Donc oui je vais à la fac ici, avec des élèves argentins, des profs argentins, et des matières argentines ! Tout un programme, mais rassurez-vous, je me suis adaptée, je me suis intégrée, et maintenant l'Universidad Austral de Buenos Aires n' a plus (ou presque) aucun secret pour moi.

D'abord l'Austral c'est quoi ? C'est une université privée et catholique de Buenos Aires qui propose différentes fillières : Communication/Droit/Ingenierie. En ce qui me concerne j'ai opté pour la " Com' ". Mais revenons en à cette université. Que dire ? Premièrement elle appartient à l'Opus Dei (oui oui, la secte, le Da Vinci Code, et tout le toutim). Donc religieusement parlant, on va dire qu'elle a une ligne très, affirmée. Cependant à première vue, rien ne m'a choqué. Quelques crucifix dans les salles de cours, des icones sur chaque touche du clavier des secrétaires de la Fac, et quelques curés croisés dans les couloirs. Rien de plus. Mais c'est après que ca m'a frappé. Un ami qui préfère Mc Cain à Obama, parce que Mc Cain au moins il est contre l'avortement, un autre qui a retapissé son appartement à la gloire de Jean-Paul II, ou encore un professeur qui a du mal a tenir des propos tolérants sur des religions autres que le Catholicisme (je vous promets que le cours sur l'Islam était assez rock'n roll, mais plutot hard rock qui te donne envie de vomir en sortant de la classe... Ba oui quand sur son powerpoint, devant une classe de 80 élèves qui n'ont jamais croisé un musulman de leur vie, un prof affiche "la shariah = lapidations, mutilations" ça vous donne la nausée).

Enfin, non pas on s'y fait, mais on discute et puis on découvre, que le monde et ses religions de l'autre côté de l'Atlantique, hémisphère Sud, et bien il a une autre couleur.

En ce qui concerne mon emploi du temps et mes matières, pour ce premier semestre (qui est en fait le second, et oui je suis dans l'autre hémisphère moi!) on ne peut pas dire que je sois débordée. 10h de cours par semaine. 3 matières suivies. Ca a presque des allures de vacances. Jetez un coup d'oeil à mon emploi du temps (en bleu):

Matière n°1 : Analisis de la sociedad. Donne les bases de la sociologie, plus ou moins. Ca pourrait être intéressant mais la prof est plutôt du genre agressive et anti pédagogique. Le plus gros problème étant qu'en socio on étudie des stats, mais là encore, l'Argentine n'est pas gâtée. Car ici l'INSEE argentin, qui se prénomme "INDEC" est public et donc chaudement gardé et allez osons le dire, surveillé par le gouvernement. Cela siginfie que les chiffres sont souvent truqués pour faire le moins d'ombre possible à la Kirchner (Cristina de son prénom, Présidente de l'Argentine de sa fonction). On peut donc observer des différences de 3 à 5 points entre les chifffres de l'INDEC et les chiffres des organisations privées. Exemple : le taux de pauvreté en Argentine serait de 23,4% selon l'INDEC, de 30% selon des organismes privés... Ca donne froid dans le dos.

Matière n°2 : Radio. Ma préférée, de loin. Toutes les deux semaines on doit rendre un TP en groupe ou non : ça peut être un bulletin d'informations de 4minutes, une chronique sur un thème de société, ou un véritable magazine de radio. Bref c'est l'éclate. Je sais maintenant me servir d'un ptit studio de radio, et ça me plait. C'est la révélation. A suivre si je veux vraiment continuer dans cette voie là dans les années a venir.

Matière n°3 : Analisis e informacion internacional. Ca ressemble plus ou moins à l'étude des relations internationales en théorie, mais dans la pratique le prof fait un mix d'histoire, de géographie, un peu de géopolitique, en saupoudrant le tout de quelques news de l'actualité. Bref un grand n'importe quoi. A ceci il faut rajouter le fait que le prof a une manière toute particulière d'étudier les relations internationales en rajoutant de la fantaisie et de l'Opus Dei. Ce qui donne droit parfois à des généralisations incroyables sur l'état du monde aujourd'hui. Ce ne serait pas si grave si les éléves avaient déjà quelques notions en la matière. Mais nada ! En 3e année de fac de communication la plupart découvre l'existence de l'Islam, écorche à chaque fois le nom du Président iranien et pense que l'Espagne fait partie du G7. Ce cours va donc leur servir comme base première de leur culture générale pour les années à venir, et c'est là que ça commence à vous donner envie de vomir.
Pour illustrer tout ça voilà pour vous en exclusivité quelques perles :

"En 2000, lors des négociations de Camp David, Arafat, au lieu d'accepter une solution pacifique, préféra lancer la Seconde Intifada."

"La Turquie a un territoire européen qui ne correspond qu'à 7% de son territoire national"
(Va falloir qu'il me communique sa méthode de calcul...)

Première phrase du PWP du 1er cours : "Première difficulté, essayer de dessiner en 2 dimensions un corps de 3. En réalité c'est impossible."
(EUh, j'ai dû me tromper de classe, j'avais pourtant pris un cours de 3e année...bizarre)

"La vieille Europe (principalement l'Allemagne et la France), est contre les Etats Unis. La nouvelle Europe (Pologne, Hongrie) est pour."
(Pardon ?! J'adoooooooore les clichés)

"Il y a également d'autres prétendants pour entrer dans l'Union Européenne comme Israel ou la Tunisie".
(Alors soit c'est moi qui ignore qu'Israel veut rentrer dans l'UE, soit tout ca est super top secret ou ... top n'importe quoi)

"Le leitmotiv de cette matière : nous vivons aujourd'hui dans un monde unipolaire"
(Alors là j'ai faillit m'étouffer)

"La langue arabe comporte des consonnes mais qu'une seule voyelle, la A."
(Les arabophones hallucineront devant cette bêtise)

"Aujourd'hui, le rêve de l'Islam est de retourner au Califat qui unirait tous les musulmans à une même patrie."
(Euh : Non ! simplement non. Mais je pense que ceux qui on eu les cours de Monde Arabe seront plus sensibles à ce genre de propos)

"La société arabo-musulmane est machiste, les hommes accordent beaucoup d'importance à avoir des fils."
(Cliché n°1 bonjour!)

"Dans beaucoup de sociétés musulmanes la femme sort peu de la maison. Les hommes eux sont dans la rue ou dans les cafés reservés aux hommes, fumant le narguilé."
(Cliché n°2 bonjour!)

Weekend à Cordoba&Cie

Premier Weekend de 4 jours le mois dernier, au moment du 15 août. On décide donc d'en profiter pour faire notre première escapade hors du quilombo (comprendre "bordel") de Buenos Aires. Parce que même si cette ville aux mille facettes réserve toujours de nombreuses suprises, arrive un moment où il faut prendre l'air, et surement pas l'air sur pollué de la capitale.

Et la destination de notre première escapade a été : Cordoba capitale, dans la province de Cordoba, à 10H de route de Buenos Aires.
Et oui quand on veut voyager bon marché, ici en Argentine, rien ne vaut le bus-lit, qui en une nuit, plus ou moins, t'emmène à bon port. Bien sûr mieux vaut etre un petit gabarit (1m60 etant la taille moyenne des argentins) pour profiter à 100% du comfort de ces bus lits ! Et ce n'est pas ironique : rien à voir avec les cars français qui donnent mal au dos. Avec ces bus argentins, on s'enfonce dans des sièges tout moelleux, et on peut même avoir quelques sucreries au cours du voyage.

Seul point noir : un conseil, il est préférable de voyager par nombre pair afin de ne pas devoir tirer à la courte paille pour savoir qui va passer 10H, endormie a coté d'un inconnu, souvent imposant et malodorant.

Bref une fois le voyage effectué on avait devant nous 3 jours complets à Cordoba pour voir le plus possible de la capitale de cette province et de ses environs. Ca commence déjà par l'arrivée dans l'auberge de jeunesse, au nom évocateur "El Refugio". Bon on l'avait trouvé dans le Guide du Routard Argentine (très décevant à vrai dire, peu détaillé, mieux vaut se munir du Lonely Planet !). Et en plus autre défaut du Guide du Routard c'est qu'il vous conseille des endroits à vous francais, en fait à TOUS les français qui passent par là. On s'est donc retrouvées dans une auberge quasi francophone. Un peu bizarre. Et surtout un peu décevant au niveau du brassage culturel. Enfin le plus important c'est que cette auberge était super bien placée : a 5 minutes à pied de la gare routière (très utile pour nos excursions quotidiennes dans la province de Cordoba) et à 10 minutes du centre ville de Cordoba (également très utile mais cette fois pour nos escapades nocturnes). Il faut dire que la ville de Cordoba, 2e ville d'Argentine, n'a rien à voir avec sa principale concurrente : Buenos Aires. Cordoba est beaucoup, beaucoup plus petite, et tout peut se faire à pied, disons au moins dans le centre ville à l'architecture coloniale. Mais Cordoba c'est en bref une "capitale jésuite" et surtout une des plus importantes villes étudiantes d'Amérique Latine.

Quelques photos pour vous donner un apercu de Cordoba :

La manzana jesuitica de Cordoba, inscrite au Patrimoine Mondial de l'UNESCO
quartier jésuite qui rassemble collège-université, eglise et résidence de la Compagnie de Jésus

Une fois installées dans notre petite auberge, direction la gare routière, car comme vous l'avez compris, les voyages en Argentine se font principalement en bus (le train étant a peine développé, et l'avion hors de prix). Difficile de choisir la première destination de notre excursion. On jette un coup d'oeil au Lonely Planet et là, mon inclination che gevariste a été touchée : Alta Gracia, village d'enfance du Che, réputé pour son air pur. Le Che y a passé quelques années pour soigner son asthme. Banco : Vamos !

Petit voyage en bus. On dort, on s'instruit, on découvre.

Et hop nous voilà à Alta Gracia, un village de la province de Cordoba, une "bourgade rurale" selon le Guide du Routard très apprécié de la bourgeoisie de Cordoba dans les années 1930 comme chef lieu de leurs résidences secondaires. La famille Guevara ne manque pas à la règle...

L'estancia jésuite d'Alta Gracia et son église

Les petites rues d'Alta Gracia

Et le clou du voyage !
La maison d'enfance du Che

Le Che en personne

Le Che et moi : quel honneur !

Une reconstitution de la chambre du Che

Comme dans le film ... mais les vrais cette fois !

La "poderosa" (enfin sa ptite soeur)

Un ptit air de ressemblance avec Alexis, non ?

Le Che en "bon père de famille"
Mais on n'est pas dupes ...

Le jardinet

En attendant le bus, toujours à Alta Gracia

Sur le chemin du retour

Ah ! Une première excursion à la hauteur de nos espérances... une ville vraiment paisible, sur les hauteurs de la province de Cordoba. Mais on ne va pas s'arrêter en si bon chemin et le lendemain on remet ça. Cette fois direction : Villa Carlos Paz, destination branchée de la province de Cordoba, réputée pour sa vie nocture et son lac artificiel.

On commence par un petit pique nique au bord du lac.

Puis une ballade digestive au coeur de la ville



Et on atterrit dans les bidonvilles de Carlos Paz
sans le vouloir ...

On prend le télésiège (si si ca existe en Argentine)
et on monte, on monte
quelle vue !

Une petite photo souvenir
obligé
Moi/Juliette/Emmanuelle

Et on redescend

Bon Carlos Paz c'est sympa, mais en plein mois d'août c'est désert : bah oui c'est l'hiver ici ! Et Carlos Paz est plutôt une station balnéaire. Bref encore une bonne bouffée d'air pur bien agréable même si cette excursion était un peu trop "touristique" à mon goût.

Bref le dernier jour on part direction La Falda, son lac, ses cascades (artificielles...), ses ballades à chevaux (sur le bitume ... Aie Emmanuelle ne t'énerve pas, je sais ca abime les sabots mais que veux tu ... le monde est fou, surtout en Argentine).

On décide donc de s'éloigner de la ville,
direction le lac, la nature, le calme

Ah le voilà, après une demie heure de marche


Et les fameuses "cascades" artificielles de La Falda
une véritable attraction touristique comme on n'en fait plus
Ils créent carrément un Disneyland tout ça pour admirer trois chutes d'eau
creusées par deux pelés et un tondu
... le tourisme argentin ...

La boutique de Pancho, le cowboy argentin
(si si regardez bien, il veille, en haut a gauche)

Ballade du retour

Après 3 jours de marche, de découvertes, de rencontres humaines et animalières, tout routard mérite repos et récompense. On s'est donc offert le dernier soir un ptit resto typique avec groupe de salsa et cuisine argentine (Humita, Empanadas, ...).

Et cerise sur le gateau :
on a même eu droit a un show de tango en plein air, totalement spontanné
les gens passent, s'arretent, observent et puis finalement osent
et les couples se croisent, s'entrecoisent
Incroyable